11 place Jean Perrin 44 400 Rezé
02 51 70 75 70
contact@cscchateau.fr

Apprendre ensemble

Apprendre ensemble

Interview de Myriam, habitante du Château

Myriam est une habitante du quartier Château. Elle a rejoint le collectif Repair’café* en 2023. Elle partage avec nous le sens que recouvre pour elle cet engagement et ce qu’il lui apporte. Le CSC Château accompagne plusieurs initiatives collectives portées par des habitantes et habitants du quartier : collectif santé-logement, Repair’café, Agora, Répit et Bien-être…. Qu’est-ce que ces engagements font aux personnes et au quartier ? Nous leur donnons la parole. Avec cet article, nous engageons une série d’interviews de personnes qui prennent part aux différentes actions :

Myriam, tu es engagée dans l’action du collectif Repair’Café. Qu’est-ce qui t’a amenée sur cette action ?

J’avais déjà rencontré une fois Davide et Rémi (habitants du quartier) sur une intervention réparation qu’ils réalisaient en binôme dans un café. J’ai toujours été intéressée par l’idée de réparer les choses. En discutant avec le CSC, j’ai découvert que ces deux personnes avaient été rejoints par d’autres sur un collectif Repair’Café. J’ai eu envie de partager mon expérience de bricolage et de réparation perso. J’étais en arrêt, j’avais du temps et donc j’ai pu rejoindre le groupe.

Je suis curieuse de tout, et j’ai toujours voulu savoir comment fonctionnent les objets. Très jeune, avec mon frère, on a démonté mon walk-man pour récupérer le moteur et fabriquer une de ses premières machines à tatouer.

La récupération fait partie aussi partie de ma transmission familiale. Ma mère avait appris cela. Pendant la guerre il ne fallait pas jeter. C’est « ancré chez nous ». J’ai transmis cette curiosité et cette connaissance à mon entourage. Je suis timide mais la réparation me permet d’entrer en relation avec les autres. Petit à petit, j’ai réparé les téléviseurs du quartier, le four à micro-ondes de ma belle-sœur et après le bouche-à oreille faisant le reste…

Quel sens trouves-tu dans cette action ?

J’ai le goût de transmettre mes connaissances sur la réparation, de ne pas les garder pour moi. Il n’y a pas besoin d’être ingénieur pour savoir faire. Le fait de voir faire me permet d’apprendre : « Si moi je peux le faire d’autres peuvent le faire ». Faire ensemble permet d’apprendre et c’est valorisant pour les personnes « J’ai réussi, on m’a montré et je sais faire ».

Et qu’est-ce que cet engagement t’apporte ?

Cette transmission m’apporte un bien être, c’est une bonne action pour l’autre et c’est valorisant aussi pour moi : « C’est le don et le contre don ». Il y une magie à s’intéresser, à s’investir et à participer au fil de la séance, plutôt que de réparer pour les personnes.

Ce lien que l’on crée donne du positif pour tout le monde. C’est là où le mot solidarité prend un sens premier, cela forme une sorte de systémie et créer du lien. Cela fait trois ans que je suis dans le quartier et je ne connaissais pas le voisin avant. Maintenant on se reconnait, on se salut tous, je me sens appartenir au quartier.

Qu’est-ce que tu aimes dans votre collectif du Repair’Café ?

On s’entend bien, on a les mêmes valeurs, c’est rare que je me sente bien rapidement comme cela, mais on s’entraide et on n’hésite pas à partager nos savoirs, notre matériel. Davide m’explique plein de trucs sur l’électrotechnique (soudure…). On a tous des connaissances et on les met en commun. Quand tu as le savoir tu peux faire des choses, quand tu n’as pas la connaissance des choses tu n’as pas les mêmes opportunités.

Tu es aussi bénévole aux Compagnons Bâtisseurs qui œuvrent sur le quartier Château. Avais-tu eu d’autres engagements auparavant ?

Ce sont mes premières implication d’habitante aux compagnons bâtisseurs et au Repair’café. J’ai eu du temps car j’étais en arrêt de travail et j’avais une prescription à sortir de chez moi. J’étais isolée, plutôt timide, et les Compagnons Bâtisseurs sont venus chez moi faire un chantier. On a tissé une relation de confiance. Ils avaient besoin de bénévoles et ils étaient intéressés par mes compétences de bricolage. Puis lors du chantier parvis réalisé avec le CSC Château j’ai découvert et pu comprendre ce que faisait le CSC et petit à petit de tisser des liens.

Avant cela, j’étais en perte de confiance car j’avais été agressée sur mon lieu de travail. Cet engagement permet librement, de reprendre pied par l’ouverture à l’autre. Les soignants qui m’accompagnaient m’ont encouragé à m’engager dans ces actions car c’était un vrai soutien structurant pour mon rétablissement. L’engagement et mon implication a été une béquille sur laquelle je me suis appuyée pour me reconstruire. Le retour des gens dans les groupe a été aussi un soutien, cela fait partie de la guérison car cela redonne confiance.

Cela me donne des envies. J’aimerais développer un projet et une activité auprès des femmes où je pourrais faire de manière plus importante ce que je fais avec les compagnons bâtisseurs intervenir sur des petits chantiers auprès des femmes. Si on leur apprend, elles sont capables de faire, à se servir d’une perceuse ou à peindre. On m’a appris que c’est important pour une femme d’être autonome et que les femmes ne dépendent pas des hommes. Cela amène de la confiance de faire par soi-même et quand on gagne de la confiance on avance sur des choses.

*Le collectif Repair’café est une initiative d’habitant·es soutenue par le CSC Château